Introduction

Le texte « Code = design » est basé sur le mémoire de fin d’études Outils numériques et design graphique de Kévin Donnot, suivi par Catherine de Smet et Isabelle Jégo et soutenu en mars 2011 à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Rennes.

Texte

Après plus d’une quinzaine d’années de design graphique conçu sur ordinateur, la technique informatique reste mystérieuse pour la majorité des graphistes et encore peu de praticiens osent mettre les mains dans le cambouis. En leur temps, William Morris et le mouvement britannique des Arts and Crafts défendaient une création graphique intimement liée à la production artisanale et une maîtrise des outils du début à la fin de la chaîne, en réaction à l’industrialisation de la fin du xixe siècle. Morris était à la fois imprimeur, calligraphe, graveur de poinçons et responsable de la composition typographique, c’est-à-dire graphiste.

Comme Morris, on peut constater aujourd’hui une uniformisation de la production graphique. Par ailleurs, la grande majorité des designers utilisent les mêmes outils, créés par la même société (Adobe). L’homogénéisation des outils et celle de la production ne sont-elles pas liées ? Edward Tufte démontre dans The Cognitive Style of PowerPoint [1] que la conception de PowerPoint conduit non seulement à une uniformisation graphique, mais également, dans certains cas, à des décisions aberrantes, prises à l’issue de raisonnements faussés par le logiciel.

Pourquoi, comme William Morris, ne prendrions-nous pas nos outils en main ? Pourquoi ne pas sortir du sentier balisé par Adobe ? John Maeda [2] fut l’un des premiers à revendiquer de nouvelles formes visuelles basées sur le développement de ses propres logiciels. Il fut étudiant de Paul Rand et de Muriel Cooper, cofondatrice du Media Lab du MIT et pionnière de l’expérimentation visuelle numérique. D’autres ont suivi cette voie, comme les typographes de LettError [3], dessinateurs de caractères génératifs, ou le groupe bruxellois Open Source Publishing [4] qui travaille exclusivement avec des logiciels libres.

logo du M.I.T Media Lab travaillé avec le système « Soft type » développé au Media Lab par Muriel Cooper

Muriel Cooper, MIT Media Lab, 1990. Déformation typographique rendue avec le système « Soft type » développé au Media Lab par Muriel Cooper.

[1]Tufte, Edward. The Cognitive Style of PowerPoint, Cheshire, Graphics Press, 2006.
[2]John Maeda est l’auteur de plusieurs livres majeurs sur le design interactif : Maeda@media (2000), Design by Numbers (2001) et Creative Code (2004). Il préside aujourd’hui la Rhode Island School of Design.
[3]LettError est une fonderie digitale créée par les typographes néerlandais Erik Van Blokland et Just Van Rossum.
[4]Open Source Publishing est un collectif de graphistes basé à Bruxelles. Il est lié à Constant, une association d’artistes travaillant sur la culture et l’éthique du web.

Points abordés

  • Un parallèle est fait avec le mouvement Arts and Crafts (2ème partie du 19è)
  • Un constat est fait concernant une uniformisation des outils et de la production graphique
  • Est évoquée l’empreinte propre de l’outil sur la production, empreinte liée à l’uniformisation précitée
  • La partie se conclut sur un appel à reprendre en main ses outils, comme certains ont pu le faire par le passé, notamment à la fin des années 80 et début 90, alors que l’accès à l’outil informatique connaît une relative démocratisation.

Personnes ou organismes abordés

  • Mouvement Arts and Crafts : faut-il le présenter ?
  • Edward Tufte, statisticien, auteur, enseignant en sciences politiques, statistiques et informatique, auteur notamment de The Visual Display of Quantitative Information et The Cognitive Style of PowerPoint.
  • John Maeda, artiste, graphiste, designer, enseignant, chercheur. A été l’élève de Paul Rand et Muriel Cooper, le créateur de Design by Number, à l’origine du logiciel Processing, parmi bien des choses.
  • Letterror, soit Erik Van Blokland et Just Van Rossum, dessinateurs de caractères, programmeurs, enseignant, entre autres créateurs de Beowulf, la première fonte générative obtenu en hackant le langage postscript.
  • Open Source Publishing, une émanation du collectif bruxellois constantvzw . Active dans le champs du design et de la création d’outils, il collaborent par exemple avec le magazine belge Médor
  • Muriel Cooper, designer, enseignante et chercheuse au sein du MIT Media Lab, directrice du MIT Press.